Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 3 avril 2002, 00-12.932, Publié au bulletin

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  • Droits patrimoniaux·
  • Consentement·
  • Violence·
  • Dépendance économique·
  • Droits d'auteur·
  • Cession·
  • Licenciement

Chronologie de l’affaire

Résumé de la juridiction

Prive sa décision de base légale la cour d’appel qui annule pour violence ayant vicié le consentement, la cession par une personne à son employeur de ses droits d’auteur sur un dictionnaire conçu et réalisé par elle, sans constater que, lors de la cession, cette personne était menacée par le plan de licenciement et que son employeur avait exploité auprès d’elle cette circonstance pour la convaincre et, par suite, sans relever une exploitation abusive d’une situation de dépendance économique, faite pour tirer profit de la crainte d’un mal menaçant directement les intérêts légitimes de la personne.

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Commentaires30

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Nicolas Boullez · Gazette du Palais · 7 février 2023

Village Justice · 5 juillet 2022

Par deux arrêts, la Cour de cassation a apporté des précisions intéressantes concernant l'application du droit des obligations à l'avocat : • D'une part, l'obligation de mise en garde de l'avocat envers son client, • D'autre part, la violence économique subies par l'avocat de son client. I - A propos de l'arrêt Cass. 1re civ., 10 nov. 2021, n° 20-12.235 : du devoir de conseil et de mise en garde de l'avocat envers son client A. Les faits Des personnes avaient acheté les parts sociales d'une société qui exploitait un café sur un port, en vertu d'un contrat de concession délivré la …

 

Merryl Hervieu · Dalloz Etudiants · 11 janvier 2022
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Sur la décision

Référence :
Cass. 1re civ., 3 avr. 2002, n° 00-12.932, Bull. 2002 I N° 108 p. 84
Juridiction : Cour de cassation
Numéro(s) de pourvoi : 00-12932
Importance : Publié au bulletin
Publication : Bulletin 2002 I N° 108 p. 84
Décision précédente : Cour d'appel de Paris, 11 janvier 2000
Textes appliqués :
Code civil 1112
Dispositif : Cassation.
Date de dernière mise à jour : 4 novembre 2021
Identifiant Légifrance : JURITEXT000007046814
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Sur les parties

Texte intégral

Sur le premier moyen, pris en sa première branche :

Vu l’article 1112 du Code civil ;

Attendu que Mme X… était collaboratrice puis rédactrice salariée de la société Larousse-Bordas depuis 1972 ; que selon une convention à titre onéreux en date du 21 juin 1984, elle a reconnu la propriété de son employeur sur tous les droits d’exploitation d’un dictionnaire intitulé « Mini débutants » à la mise au point duquel elle avait fourni dans le cadre de son contrat de travail une activité supplémentaire ; que, devenue « directeur éditorial langue française » au terme de sa carrière poursuivie dans l’entreprise, elle en a été licenciée en 1996 ; que, en 1997, elle a assigné la société Larousse-Bordas en nullité de la cession sus-évoquée pour violence ayant alors vicié son consentement, interdiction de poursuite de l’exploitation de l’ouvrage et recherche par expert des rémunérations dont elle avait été privée ;

Attendu que, pour accueillir ces demandes, l’arrêt retient qu’en 1984, son statut salarial plaçait Mme X… en situation de dépendance économique par rapport à la société Editions Larousse, la contraignant d’accepter la convention sans pouvoir en réfuter ceux des termes qu’elle estimait contraires tant à ses intérêts personnels qu’aux dispositions protectrices des droits d’auteur ; que leur refus par elle aurait nécessairement fragilisé sa situation, eu égard au risque réel et sérieux de licenciement inhérent à l’époque au contexte social de l’entreprise, une coupure de presse d’août 1984 révélant d’ailleurs la perspective d’une compression de personnel en son sein, même si son employeur ne lui avait jamais adressé de menaces précises à cet égard ; que de plus l’obligation de loyauté envers celui-ci ne lui permettait pas, sans risque pour son emploi, de proposer son manuscrit à un éditeur concurrent ; que cette crainte de perdre son travail, influençant son consentement, ne l’avait pas laissée discuter les conditions de cession de ses droits d’auteur comme elle aurait pu le faire si elle n’avait pas été en rapport de subordination avec son cocontractant, ce lien n’ayant cessé qu’avec son licenciement ultérieur ;

Attendu, cependant, que seule l’exploitation abusive d’une situation de dépendance économique, faite pour tirer profit de la crainte d’un mal menaçant directement les intérêts légitimes de la personne, peut vicier de violence son consentement ; qu’en se déterminant comme elle l’a fait, sans constater, que lors de la cession, Mme X… était elle-même menacée par le plan de licenciement et que l’employeur avait exploité auprès d’elle cette circonstance pour la convaincre, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa décision ;

Par ces motifs, et sans qu’il soit besoin de statuer sur la seconde branche du premier moyen, ni sur le second moyen :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 12 janvier 2000, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Versailles.

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