Conseil d'État, 4ème et 5ème sous-sections réunies, 27 avril 2012, 352844, Publié au recueil Lebon
Chronologie de l’affaire
Résumé de la juridiction
Les dispositions du 5° de l’article L. 211-8 et l’article D. 211-15 du code de l’éducation se bornent à mettre à la charge de l’Etat, au titre de l’aide apportée aux familles, la fourniture des manuels scolaires dans les collèges. Elles ne sauraient être interprétées comme mettant à la charge de l’Etat la fourniture des ouvrages venant en complément, même regardé comme indispensable par le collège, de ces manuels, et destinés à une appropriation individuelle par les élèves.
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Sur la décision
Référence : | CE, 4e et 5e ss-sect. réunies, 27 avr. 2012, n° 352844, Lebon |
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Juridiction : | Conseil d'État |
Numéro : | 352844 |
Importance : | Publié au recueil Lebon |
Type de recours : | Excès de pouvoir |
Décision précédente : | Cour administrative d'appel de Bordeaux, 5 septembre 2011, N° 10BX02892 |
Identifiant Légifrance : | CETATEXT000025757466 |
Identifiant européen : | ECLI:FR:CESSR:2012:352844.20120427 |
Sur les parties
- Président : M. Jacques Arrighi de Casanova
- Rapporteur : Mme Esther de Moustier
- Rapporteur public : M. Rémi Keller
- Parties : MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE
Texte intégral
Vu le pourvoi, enregistré le 21 septembre 2011 au secrétariat du contentieux du Conseil d’Etat, présenté par le MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE ; le ministre demande au Conseil d’Etat :
1°) d’annuler l’arrêt n° 10BX02892 du 6 septembre 2011 par lequel la cour administrative d’appel de Bordeaux a rejeté son recours contre le jugement n° 0600063 du tribunal administratif de Toulouse du 15 octobre 2010 annulant, à la demande de M. Gilles A, la décision du 30 juin 2005 du conseil d’administration du collège Louisa Paulin de Réalmont mettant à la charge des parents d’élèves l’acquisition d’un cahier d’exercices de langue vivante au titre de l’année scolaire 2005-2006 et la décision de l’inspecteur d’académie du Tarn du 9 novembre 2005 la confirmant ;
2°) réglant l’affaire au fond, de faire droit à son appel ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la note en délibéré, enregistrée le 28 mars 2012, présentée pour M. A et la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques ;
Vu le code de l’éducation ;
Vu le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
— le rapport de Mme Esther de Moustier, Auditeur,
— les observations de la SCP Monod, Colin, avocat de M. A et de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques,
— les conclusions de M. Rémi Keller, rapporteur public ;
La parole ayant été à nouveau donnée à la SCP Monod, Colin, avocat de M. A et de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques,
Considérant qu’en vertu des dispositions du 5° de l’article L. 211-8 du code de l’éducation, L’Etat a la charge « des dépenses pédagogiques des collèges, des lycées et des établissements d’éducation spéciale dont la liste est arrêtée par décret » ; qu’aux termes de l’article D. 211-15 du même code : « Les dépenses pédagogiques mentionnées aux articles L. 211-8, L. 213-2 et L. 214-6, restant à la charge de l’Etat sont, en fonctionnement, les dépenses afférentes : / 1° Pour les collèges, les lycées, les établissements d’éducation spéciale et les lycées professionnels maritimes : / a) A la fourniture des manuels scolaires dans les collèges et les établissements d’éducation spéciale et des documents pédagogiques à usage collectif dans les lycées professionnels ainsi que pour les formations initiales des lycées professionnels maritimes, au titre de l’aide apportée aux familles (…) » ;
Considérant que ces dispositions se bornent à mettre à la charge de l’Etat, au titre de l’aide apportée aux familles, la fourniture des manuels scolaires dans les collèges ; qu’elles ne sauraient être interprétées comme mettant à la charge de l’Etat la fourniture des ouvrages venant en complément, même regardé comme indispensable par le collège, de ces manuels, et destinés à une appropriation individuelle par les élèves ;
Considérant qu’un cahier d’exercices destiné à l’usage exclusif d’un élève ne constitue pas un manuel scolaire au sens de l’article D. 211-15 du code de l’éducation ; que, par suite, la cour administrative d’appel de Bordeaux a entaché sa décision d’une erreur de droit en déduisant du caractère indispensable d’un cahier d’exercices qu’il devait être assimilé à un manuel scolaire dont la fourniture constitue une dépense pédagogique à la charge de l’Etat au sens des articles L. 211-8 et D. 211-15 de ce code ; que, dès lors, son arrêt doit être annulé ;
Considérant que les dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu’une somme soit mise à ce titre à la charge de l’Etat qui n’est pas, dans la présente instance, la partie perdante ;
D E C I D E :
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Article 1er : L’arrêt du 6 septembre 2011 de la cour administrative d’appel de Bordeaux est annulé.
Article 2 : L’affaire est renvoyée à la cour administrative d’appel de Bordeaux.
Article 3 : Les conclusions de M. A et de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques présentées au titre des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetées.
Article 4 : La présente décision sera notifiée au MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE, DE LA JEUNESSE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE, à M. Gilles A et à la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques.
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