Cour de Cassation, Chambre sociale, du 2 octobre 2001, 99-42.942, Publié au bulletin

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Chronologie de l’affaire

Résumé de la juridiction

Le salarié a droit, même au temps et au lieu du travail, au respect de l’intimité de sa vie privée ; celle-ci implique en particulier le secret des correspondances.

L’employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance du contenu des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ce, même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur.

Commentaires115

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www.francmuller-avocat.com · 9 mars 2024

Par Franc Muller – Avocat droit du travail, Paris Le contexte La Cour de cassation a rendu une décision importante, riche d'enseignement pour les salariés, très nombreux, qui envoient des messages personnels à partir de leur messagerie professionnelle. Il est tellement plus simple en effet, quand on travaille avec l'ordinateur mis à disposition par l'employeur, d'utiliser sa messagerie professionnelle, qui est immédiatement disponible, pour adresser un message personnel plutôt que de recourir à sa messagerie personnelle qui nécessite la plupart du temps une manipulation …

 

Village Justice · 18 janvier 2024

« Les preuves sont un antidote contre le poison des témoignages » (Francis Bacon - De dignitale et augmentis scientiarum). 1. La preuve, une garantie judiciaire incontournable. Dès le XVIème siècle, le philosophe anglais Francis Bacon avait déjà relevé la place centrale de la preuve comme garantie de l'équilibre démocratique d'une société moderne. L'impératif de la preuve constitue en effet une protection des individus contre l'arbitraire, en ce qu'il est censé interdire toute décision fondée sur d'autres motifs que la vérité et la raison. La nécessité de prouver ses dires en …

 

Me Florent Labrugere · consultation.avocat.fr · 2 mai 2023

CA DIJON, 13 avril 2023, RG n° 21/00494 * Par cet arrêt, dont l'infographie synthétique est téléchargeable, la Cour d'appel de DIJON est amenée à apprécier le bien-fondé d'un licenciement pour faute grave en raison de l'utilisation des nouvelles technologies par une salariée au temps et au lieu du travail. Plus généralement, une telle situation consiste à devoir répondre à la question suivante : Tout salarié a-t-il un devoir de se consacrer exclusivement à ses missions durant ses heures travail, hormis durant les temps de pause, ou si une certaine souplesse peut-elle être tolérée ? …

 
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Sur la décision

Référence :
Cass. soc., 2 oct. 2001, n° 99-42.942, Bull. 2001 V N° 291 p. 233
Juridiction : Cour de cassation
Numéro(s) de pourvoi : 99-42942
Importance : Publié au bulletin
Publication : Bulletin 2001 V N° 291 p. 233
Décision précédente : Cour d'appel de Paris, 21 mars 1999
Précédents jurisprudentiels : A rapprocher :
Chambre sociale, 03/04/2001, Bulletin 2001, V, n° 115, p. 90 (rejet)
: Chambre sociale, 14/03/2000, Bulletin 2000, V, n° 101, p. 78 (rejet)
Chambre sociale, 15/05/2001, Bulletin 2001, V, n° 168, p. 132 (rejet).
Textes appliqués :
Code civil 9, 1134

Code du travail L120-2

Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales art. 8

Nouveau Code de procédure civile 9

Dispositif : Cassation.
Date de dernière mise à jour : 4 novembre 2021
Identifiant Légifrance : JURITEXT000007046161
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Sur les parties

Texte intégral

Attendu que la société Nikon France a engagé M. X… le 22 avril 1991 en qualité d’ingénieur, chef du département topographie ; que le 7 septembre 1992, le salarié a conclu avec les sociétés Nikon Corporation et Nikon Europe BV un accord de confidentialité lui interdisant de divulguer certaines informations confidentielles communiquées par ces deux sociétés ; que le 29 juin 1995, il a été licencié pour faute grave, motif pris, notamment, d’un usage à des fins personnelles du matériel mis à sa disposition par la société à des fins professionnelles ; qu’il a saisi la juridiction prud’homale d’une demande tendant au paiement d’indemnités fondées sur un licenciement sans cause réelle et sérieuse ainsi que d’une somme à titre de contrepartie de la clause de non-concurrence conventionnelle ;

Sur le moyen unique du pourvoi de la société Nikon France :

Vu l’article 1134 du Code civil ;

Attendu que pour condamner la société Nikon France à payer l’indemnité prévue par la clause de non-concurrence conventionnelle, la cour d’appel a énoncé que l’interdiction de divulguer des informations confidentielles revenait à interdire au salarié de s’engager en sa qualité d’ingénieur-géomètre chez un concurrent et que l’accord de confidentialité devait donc produire les effets de cette clause de non-concurrence ;

Attendu, cependant, que l’accord de confidentialité conclu le 7 septembre 1992 entre le salarié et les sociétés Nikon Corporation et Nikon BV interdisait seulement au salarié de divulguer des informations, portées à sa connaissance par ces deux sociétés, expressément identifiées comme confidentielles et de nature à permettre le développement d’un programme spécifique ; que, contrairement à la clause de non-concurrence prévue par l’article 28 de la Convention collective nationale des ingénieurs et cadres de la métallurgie applicable en l’espèce, l’accord n’interdisait pas au salarié de s’engager au service d’une entreprise concurrente après avoir quitté la société ;

Qu’en statuant comme elle l’a fait, la cour d’appel, qui a donné à l’accord de confidentialité, dont les termes étaient clairs et précis, une portée qu’il n’avait pas, a dénaturé cet accord et ainsi violé le texte susvisé ;

Sur le pourvoi incident de M. X… :

Vu l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’article 9 du Code civil, l’article 9 du nouveau Code de procédure civile et l’article L. 120-2 du Code du travail ;

Attendu que le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l’intimité de sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier le secret des correspondances ; que l’employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur ;

Attendu que pour décider que le licenciement de M. X… était justifié par une faute grave, la cour d’appel a notamment retenu que le salarié avait entretenu pendant ses heures de travail une activité parallèle ; qu’elle s’est fondée pour établir ce comportement sur le contenu de messages émis et reçus par le salarié, que l’employeur avait découverts en consultant l’ordinateur mis à la disposition de M. X… par la société et comportant un fichier intitulé « personnel » ;

Qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 22 mars 1999, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Paris, autrement composée.

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