Cour de cassation, Chambre criminelle, 20 octobre 2020, 19-84.641, Publié au bulletin

  • Victime d'une infraction intentionnelle contre les biens·
  • Faute ayant concouru à la réalisation du dommage·
  • Partage de responsabilité·
  • Faute de la victime·
  • Action civile·
  • Réparation·
  • Préjudice·
  • Distribution·
  • Vol·
  • Victime

Chronologie de l’affaire

Résumé de la juridiction

Il résulte des articles 2 du code de procédure pénale et 1382, devenu 1240, du code civil que lorsque plusieurs fautes ont concouru à la production du dommage, la responsabilité de leurs auteurs se trouve engagée dans une mesure dont l’appréciation appartient souverainement aux juges du fond. Est de nature à constituer une telle faute le fait, pour la victime, de ne pas avoir pris les précautions utiles pour éviter le dommage.

Encourt par conséquent la cassation l’arrêt qui, pour condamner un prévenu au paiement de dommages-intérêts correspondant à l’intégralité du préjudice subi, énonce que, dans les rapports entre voleur et victime, la circonstance selon laquelle le propriétaire d’un bien n’aurait pas pris toutes les mesures utiles pour éviter d’être dépossédé ne s’analyse pas en une faute de nature à limiter son droit à indemnisation

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Nicolas Catelan · Gazette du Palais · 16 mars 2021

Zoé Jacquemin · Gazette du Palais · 12 janvier 2021
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Sur la décision

Référence :
Cass. crim., 20 oct. 2020, n° 19-84.641, Publié au bulletin
Juridiction : Cour de cassation
Numéro(s) de pourvoi : 19-84641
Importance : Publié au bulletin
Décision précédente : Cour d'appel d'Angers, 19 mai 2019
Précédents jurisprudentiels : A rapprocher :
Crim., 25 juin 2014, pourvoi n° 13-84.450, Bull. crim. 2014, n° 163 (cassation partielle), et l'arrêt cité
Crim., 23 septembre 2014, pourvoi n° 13-83.357, Bull. crim. 2014, n° 194 (rejet)
Crim., 23 septembre 2014, pourvoi n° 13-83.357, Bull. crim. 2014, n° 194 (rejet)
Crim., 25 juin 2014, pourvoi n° 13-84.450, Bull. crim. 2014, n° 163 (cassation partielle), et l'arrêt cité
Textes appliqués :
article 2 du code de procédure pénale ; article 1382, devenu 1240 du code civil
Dispositif : Cassation
Date de dernière mise à jour : 14 décembre 2021
Identifiant Légifrance : JURITEXT000042486367
Identifiant européen : ECLI:FR:CCASS:2020:CR01831
Lire la décision sur le site de la juridiction

Sur les parties

Texte intégral

N° U 19-84.641 F-P+B+I

N° 1831

CK

20 OCTOBRE 2020

CASSATION

M. SOULARD président,

R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E

________________________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

_________________________

ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE,

DU 20 OCTOBRE 2020

CASSATION sur le pourvoi formé par Mme V… U… contre l’arrêt de la cour d’appel d’Angers, chambre correctionnelle, en date du 20 mai 2019, qui, dans la procédure suivie contre elle du chef de vol, a prononcé sur les intérêts civils.

Des mémoires ont été produits, en demande et en défense.

Sur le rapport de M. Samuel, conseiller, les observations de la SCP Thouin-Palat et Boucard, avocat de Mme V… U…, les observations de la SCP Célice, Texidor, Périer, avocat de la société Saumur Distribution (Leclerc), et les conclusions de M. Croizier, avocat général, après débats en l’audience publique du 8 septembre 2020 où étaient présents M. Soulard, président, M. Samuel, conseiller rapporteur, M. Pers, conseiller de la chambre, et M. Maréville, greffier de chambre,

la chambre criminelle de la Cour de cassation, composée en application de l’article 567-1-1 du code de procédure pénale, des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.

Faits et procédure

1. Il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de procédure ce qui suit.

2. Mme U…, chargée de l’approvisionnement du distributeur de billets de banque d’un centre commercial appartenant à la société Saumur Distribution, a été déclarée coupable par le tribunal correctionnel du vol de la somme de 120 720 euros commis entre le 31 août 2007 et le 31 août 2015.

3. Elle a été condamnée à payer à cette société, constituée partie civile, la somme de 125 000 euros à titre de dommages intérêts au titre du préjudice tant matériel que moral.

4. Elle a relevé appel du seul dispositif civil de cette décision.

Examen du moyen

Enoncé du moyen

5. Le moyen est pris de la violation des articles 1382 et 1383 devenus 1240 et 1241 du code civil, et le droit au respect des biens de Mme U… garanti par le protocole n° 1 à la Convention européenne des droits de l’homme.

6. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a confirmé le jugement du 14 décembre 2017 en ce qu’il a condamné Mme U… à payer à la société Saumur distribution une somme de 120 720 euros en réparation de son préjudice matériel, alors « que le principe de réparation intégrale commande de réparer sans perte ni profit pour aucune des parties le préjudice résultant de quelque infraction que ce soit ; qu’il en résulte que toute faute de la victime ayant concouru à la production de son propre dommage, notamment une négligence, conduit à laisser à sa charge la part des dommages-intérêts correspondant au préjudice qu’elle s’est elle-même causé, entre autres quand ce préjudice découle d’un vol ; qu’en décidant, à l’inverse, que la faute consistant à n’avoir pris aucune mesure de sécurité que Mme U… reprochait à la société Saumur distribution n’était pas de nature à limiter le droit à indemnisation de la victime dans ses rapports avec le voleur de sorte que ladite exposante devait intégralement réparer le dommage, la cour d’appel a violé le principe sus rappelé. »

Réponse de la Cour

Vu les articles 2 du code de procédure pénale et 1382, devenu 1240 du code civil :

7. Il résulte de ces textes que lorsque plusieurs fautes ont concouru à la production du dommage, la responsabilité de leurs auteurs se trouve engagée dans une mesure dont l’appréciation appartient souverainement aux juges du fond. Est de nature à constituer une telle faute le fait, pour la victime, de ne pas avoir pris les précautions utiles pour éviter le dommage.

8. Pour déclarer la prévenue entièrement responsable du préjudice subi et la condamner au paiement de dommages-intérêts correspondant à l’intégralité du préjudice matériel, l’arrêt attaqué énonce que, dans les rapports entre voleur et victime, la circonstance selon laquelle le propriétaire d’un bien n’aurait pas pris toutes les mesures utiles pour éviter d’être dépossédé ne s’analyse pas en une faute de nature à limiter son droit à indemnisation.

9. En se déterminant ainsi, la cour d’appel a méconnu les textes susvisés et le principe ci-dessus énoncé.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l’arrêt susvisé de la cour d’appel d’Angers en date du 20 mai 2019, et pour qu’il soit à nouveau jugé, conformément à la loi ;

RENVOIE la cause et les parties devant la cour d’appel d’Angers autrement composée, à ce désignée par délibération spéciale prise en chambre du conseil ;

Dit n’y avoir lieu à application de l’article 618-1 du code de procédure pénale. ;

ORDONNE l’impression du présent arrêt, sa transcription sur les registres du greffe de la cour d’appel d’Angers et sa mention en marge ou à la suite de l’arrêt annulé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre criminelle, et prononcé par le président le vingt octobre deux mille vingt.

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Textes cités dans la décision

  1. Code civil
  2. Code de procédure pénale
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